La douceur masculine

En ces temps où le féminisme se revendique et s’affiche partout, au point d’en devenir agressif, j’avais envie de revenir à plus de douceur envers le masculin. On entend tellement parler de ces hommes abuseurs, manipulateurs, violents qu’on en oublierait presque tous les autres ! C’est vers eux que j’ai envie de tourner mon attention en ce mois de juin où on s’apprête à les fêter ! D’autant plus que le 9 juin est la journée mondiale du Bien-être (s’il en faut une !)

Si la place des femmes évolue, celle des hommes aussi. Ne serait-on pas à l’aube d’une nouvelle distribution des rôles ??? Ou à l’aube d’une « non distribution » des rôles où chacun ferait le choix d’endosser celui qu’il veut tenir : avoir ou non des enfants, être parent et/ou chef(fe) d’entreprise, se marier ou pas, avec une personne du même sexe ou pas !!!! Finit le rose et le bleu, les garçons qui ne pleurent pas et les filles toutes douces.

Une planche de l’illustratrice québécoise Elise Gravel présente ça avec tellement d’humour que je n’ai pas pu résister au plaisir de vous la montrer !

 

Parce que notre monde change, l’éducation que nous donnons à nos enfants évolue et nous commençons progressivement à sortir des stéréotypes ! Mais ils sont tellement ancrés que c’est un travail de longue haleine !

Pour parler des hommes, je vais commencer par parler un peu des femmes p-) ! Féminin et masculin, yin et yang, tellement différents mais tellement complémentaires aussi !

Depuis bien longtemps (toujours ?), la société a forcé les femmes à réprimer leur force féminine, les a cantonnées au rôle de mère ! Quant aux hommes, ils étaient (et se devaient d’être) forts, virils, l’autorité, de vrais « machos ».

Actuellement, les femmes cherchent à trouver leur place, reprendre leur vie en mains ! Quand, pendant des siècles, la force féminine a été réprimée, elle a du mal à se frayer un chemin. Ce n’est que progressivement que les femmes pourront retrouver leur nature profonde. C’est surtout en association avec le masculin qu’elles y arriveront. Et vice et versa !

Nous avons tous en nous une part masculine et féminine, mais, au-delà de l’éducation, les qualités masculines sont plutôt d’aller vers un but déterminé, alors que les qualités féminines permettent d’accueillir ce qui est, sans jugement. Le féminin est aussi l’énergie de vie. Lorsqu’une femme est enceinte, elle s’offre à cette nouvelle vie qui se développe selon sa propre loi, sans que sa volonté n’intervienne. C’est une formidable expérience de lâcher prise, d’abandon. Pour cela, le féminin (et la femme) ont besoin de l’appui du masculin afin de s’exprimer pleinement.

Le masculin se manifeste par sa capacité à décider, à agir. La force masculine n’est pas forcément la force physique. C’est surtout la force tranquille, la force du “guerrier”, la confiance. Elle n’est pas agressive, elle est nourrie par la volonté, le courage, la détermination et la persévérance. Le pouvoir masculin est la faculté d’agir avec vigueur et force : c’est vivre sa propre vérité avec authenticité et intégrité. Cela signifie être responsable de ses actions et user de son  influence pour le plus grand bien de tous.

Longtemps, l’énergie masculine, coupée du féminin, s’est révélée autoritaire, brutale, conflictuelle et destructrice. A l’heure actuelle, où l’énergie féminine retrouve sa place, l’homme peut enfin commencer à se reconnecter avec cette énergie. En accueillant le féminin, le masculin retrouve sa noblesse.

Les hommes, comme les femmes, ne seront un être complet et épanoui qu’à la condition d’harmoniser les aspects masculin et féminin en eux. Cela implique d’aller à la rencontre de Soi, de sa vérité profonde, de s’observer honnêtement dans ses comportements et d’y déceler ses sentiments et ses croyances. Cela nécessite courage et audace pour explorer ses parts d’ombres et dépasser ses conditionnements, ses croyances, ses points de vue. La plus grande peur est de sortir de sa zone de confort : c’est la peur de l’inconnu. C’est pourtant là que la magie opère.

Chacun a le pouvoir de se transformer et de devenir responsable de ce qu’il est.

Les hommes peuvent entrer doucement dans ce monde féminin, se reconnecter à cette puissance qu’est la force de vie en apprenant à sentir et à reconnaître en eux leurs émotions. Pas de panique messieurs, les reconnaître ne signifie pas d’emblée les exprimer ! Les hommes qui ne ressentent aucune émotion ou croient ne pas en avoir (mis à part la colère) peuvent apprendre à reconnaître qu’en réalité ils en ont, mais ne s’en aperçoivent pas car ils ont une idée fausse de ce qu’est une émotion. Aucune action n’est dépourvue d’émotion, même la plus intellectuelle. Attrait, motivation, intérêt sont des émotions. Toute personne a besoin de ces émotions naturelles pour vivre.

Ressentir et exprimer ses émotions est plus facile pour les femmes et beaucoup ne comprennent pas ce qui bloque les hommes. Elles sont persuadées que c’est un trait bien masculin, alors que c’est principalement lié à l’éducation. Le développement personnel demande justement d’accepter sa vulnérabilité, ce qui est bien souvent aux antipodes de l’éducation masculine.  Les enfants se construisent en miroir avec les adultes : des parents (homme ou femme) qui exprimeront leurs émotions devant leurs enfants (fille ou garçons), leur offriront la possibilité de faire pareil tout au long de leur vie !

Lorsque nous cherchons à nous réaliser pleinement et à trouver la paix en nous, nous nous heurtons à nos cloisonnements intérieurs, des séparations conflictuelles entre des parties de nous que nous aimons et d’autres que nous n’aimons pas. L’opposition entre masculin et féminin est l’une de ces séparations. Mais on peut dire aussi que les différentes séparations sont toutes semblables et se correspondent, et qu’en effaçant l’une, on efface les autres : le masculin et le féminin, le corps et l’esprit, le bien et le mal, la personnalité et le Soi. Retrouver l’unité intérieure du féminin et du masculin conduit à la paix intérieure.

Et de plus en plus d’hommes courageux osent !

Ils osent franchir le pas, osent se mettre à nu, s’ouvrir à leur vulnérabilité. Et loin d’en faire des hommes faibles, des « mauviettes », cela les rend plus respectables, plus forts. Et cela fait avancer l’humanité vers un monde meilleur ! Ce sont ces hommes forts et fragiles que j’avais envie de mettre à l’honneur en ce mois de juin !

Isabelle Priquet

Sources et inspirations : Alain Boudet